EN IRLANDE Trois coopératives feront l'avance des pénalités
Face à une collecte en forte croissance qui produira des pénalités records en 2015, des coopératives aident leurs adhérents à passer ce cap des quotas.
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A quelques mois de l'abolition des quotas, la filière laitière irlandaise en pleine expansion dépassait son plafond de production de 7 % à fin septembre et s'attend à payer des pénalités sans précédent. « L'année dernière, nous étions à + 0,7 % à la même période et nous avons fini avec une amende de 10 millions d'euros. Celle de cette année sera record », prévient Catherine Lascurettes, secrétaire du comité laitier du syndicat agricole majoritaire IFA. Les péréquations de quotas qui équilibrent d'habitude les écarts entre coopératives, en fin de campagne, ne joueront pas cette année : presque tous les opérateurs sont en dépassement. Et Pat McCormack, vice-président de l'ICMSA qui représente plutôt les petites exploitations, s'attend à une nouvelle montée en puissance à partir de février, lorsque les troupeaux renforcés pour l'après-quotas entreront en lactation. « De nombreuses génisses s'apprêtent à vêler afin d'être prêtes pour le 1er avril, mais on ne peut pas toutes les programmer après cette date », prévient-il, estimant la pénalité finale de l'Irlande à plus de 80 millions d'euros.
Beaucoup d'éleveurs ont tari les vaches à l'automne
En Irlande, les producteurs paient des pénalités dès le premier litre de dépassement. Pour amortir le choc, trois coopératives ont décidé d'en avancer une partie à leurs adhérents. Avec 18 % de la collecte nationale et près de 10 % de dépassement de quotas dès août, Dairygold a dégainé la première : ses membres peuvent réduire la pénalité de près de moitié (15 c/l au lieu de 28,66 c) jusqu'au 31 mars 2015. Le remboursement sera étalé jusqu'en septembre 2016, sans intérêts. Lakeland et la petite Barryroe ont suivi à l'automne, avec des conditions quasi identiques, toujours sur la base du volontariat. Dermot Coyle, chargé des relations avec les producteurs chez Lakeland, explique : « La plupart de nos membres ne budgétisent pas pour ces pénalités car nous ne sommes habituellement pas concernés. C'est une façon de les aider à gérer ce surcoût. » Affirmant que le but n'est pas de pousser à la production, il ajoute toutefois : « Nous prendrons tout le lait qu'on voudra bien nous livrer. » En face de son bureau, l'immense tour de séchage de Bailieborough, inaugurée il y a trois ans, tourne à plein régime. Tout en saluant l'avance des pénalités, Pat McCormack invite les éleveurs à réfléchir à deux fois : « Ne trayez pas pour perdre de l'argent », prévient-il, soulignant la baisse des prix observée depuis août. De 36 c/l à 3,6 % de MG et 3,3 % de MP, le prix irlandais moyen est tombé à 30,5 c fin octobre. Avec une pénalité de 28,66 c, un éleveur fournissant le géant Glanbia résume : « On peut continuer à livrer, mais on n'est plus payé. » Comme beaucoup d'autres, il a tari ses vaches à l'automne. Face à la volatilité attendue à partir de 2015, l'IFA travaille à la création d'un indicateur de prix représentatif de la production irlandaise. Peut-être une prémisse au développement de la contractualisation, quasi absente ici : seule la coopérative Glanbia propose depuis trois ans un contrat à prix fixe (actuellement à 33,6 c/l), ne pouvant pas varier de plus de 2 c à la hausse ou à la baisse, ouvert pour seulement 15 % de sa collecte. À chaque renouvellement des contrats, les éleveurs candidats sont trop nombreux.
THOMAS HUBERT
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